Brève histoire de la Monnaie

Des premiers échanges monétaires à la monnaie électronique.

Définition du terme monnaie : intermédiaire d’échanges, commun à une société, permettant de mesurer et d’établir la valeur des biens et services La monnaie est aussi une réserve de valeur permettant de différer une transaction. C’est un bien commun doté d’une confiance commune.

Les plus anciennes pièces de monnaies ont été retrouvées en Lydie (aujourd’hui la province de Manisa en Turquie). Elles furent frappées par Gygès (roi de Lydie entre -708 et -687) ou par Alyatte II (roi de Lydie de -617 à -560, père de Crésus). Ces pièces de monnaie étaient faites d’électrum, un alliage d’or et d’argent naturel rencontré dans le fleuve Pactole, proche de Sardes, l’ancienne capitale du royaume de Lydie.

une pièce d’électrum

Pourtant, le commerce existait bien avant ça, et la monnaie avait une tout autre forme, depuis bien longtemps, et je parle ici de Préhistoire. L’homme utilisait ce que son habitat avait à lui offrir, des matières naturelles, comme la pierre, du sel ou des pierres précieuses, ainsi que des objets issus de l’artisanat, comme du tissu, de l’alcool, mais aussi des produits issus de la chasse ou de l’agriculture, comme du blé, des peaux de bêtes ou du tabac.

Aussi, les comptes, ou « monnaie scripturale », entendez par là, un système assez proche de nos comptes en banque aujourd’hui, existent depuis bien longtemps, durant l’Égypte antique notamment où on dispose d’unités de compte similaires à la livre et à l’once. Bien que ce système soit efficace au début, il est devenu difficile de tout gérer lorsque les échanges se sont intensifiés. C’est pourquoi, la « monnaie métallique », entendez cette fois, les pièces de monnaie (et fiduciaire les billets bien plus tard) est apparue, afin de simplifier le commerce. Il n’était donc plus seulement question de troc mais d’économie de marché.

C’est durant l’ère romaine que la monnaie voit son utilisation globalisée. Rome se met à faire ses propres pièces (IIIè siècle av. J.-C.) près du temple de Junon Moneta. C’est d’ailleurs de ce terme « Moneta » que vient le mot « monnaie » voulant dire « celle qui donne l’alerte, qui conseille ». Le denier est la première pièce frappée (un X) à posséder une valeur stricte, à savoir dix as, qui sont de petits lingots de bronze. Plus tard, sous le règne d’Auguste (Ier siècle ap. J.-C.), le système monétaire est revu sur le principe du trimétallisme (or, argent et bronze/cuivre), l’aureus est une pièce de 8 g d’or, le denier d’argent en vaut 1/25e, tandis que ce denier vaut 4 sesterces de bronze.

un aureus frappé par Septime Sévère, IIè siècle.

Les pièces de monnaie ne sont alors plus qu’un moyen simple de commercer, elles deviennent de véritables objets de pouvoir. Une cité, ou une nation capable de frapper sa propre monnaie peut finir par asseoir son influence économique sur ses voisines. Ne pouvant suivre le cours de cette monnaie, les nations voisines sont contraintes de s’aligner, adoptant ainsi la monnaie du « vainqueur », perdant leur influence.

Durant le Moyen Âge, en Europe, la monnaie est utilisée par les puissants, nobles et riches marchands. La valeur de la monnaie est alors définie par son poids en or ou en argent, le système féodal ne permettant pas de véritable liberté économique. Les pauvres quant à eux n’ayant pas accès à ces monnaies s’adonnent au troc.

BEZANT, BESAN, BESANT

Cette appellation dérivée du nom de Byzance (Ex-Constantinople et actuelle Istanbul) a été donnée à diverses monnaies d’or du Moyen Age; ces monnaies ont pour caractéristiques d’avoir été copiées sur des monnaies byzantines ou arabes, sur des monnaies médiévales orientales dans tous les cas. Elle s’y introduisit probablement à l’époque des croisades. Joinville dit que la rançon de saint Louis fut de deux cent mille besants, qu’il évalue à environ cinq cent mille livres. Du reste, il est fort difficile d’indiquer la valeur réelle du besant, qui paraît avoir été très-variable.

Bezant sarracinatus, type précoce avec des légendes arabes parfaitement lisibles, imitant le dinar du calife Fatimide al-Amir, probablement frappé à Jérusalem.

Plus tard, pendant la Renaissance, le commerce international se développe, la banque que l’on connaît aujourd’hui fait son apparition. Venise, ville indépendante, devient la plateforme monétaire du monde, car elle décide du cours de l’or et de l’argent entre l’Orient et l’Occident. Le système bimétallique (or, argent) sera utilisé jusqu’au XIXè siècle.

Contrairement à la Chine qui utilisera du papier-monnaie durant le Moyen Âge, les premiers billets de banque apparaissent en Europe durant le XVIIè siècle à Stockholm. Il faudra attendre 1803, pour que la Banque de France (Consortium de banques privées associées à l’État) émette ses premiers billets de banque. Ce n’est que cinquante ans plus tard que le billet de banque sera utilisé couramment en France.

La monnaie commença ainsi à se détacher de sa base métallique et à devenir fiduciaire, c’est-à-dire à reposer sur la confiance (fiducia en latin) que la conversion du papier en espèces métalliques serait à tout moment assurée.


un billet de 100 francs de 1862

C’est la Première Guerre mondiale qui marque la fin des monnaies basées sur les métaux précieux, l’argent n’était d’ailleurs plus vraiment utilisé, les États étant incapables de rembourser leurs dettes en or. Après la Seconde Guerre mondiale, toutes les monnaies s’alignent sur le dollar américain.

Cet équilibre reposant sur le dollar est actuellement remis en question par les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui soutiennent la montée du Yuan. Cette monnaie chinoise tend à remettre l’indexation sur l’or au goût du jour, tout en menaçant directement de prendre la place du dollar en encourageant l’achat de pétrole avec cette devise.

Nous sommes dans un contexte prédateur, où les grands argentiers numériques américains comme Visa soutiennent la disparition de la monnaie fiduciaire au profit des solutions électroniques, comme c’est le cas déjà en Suède et au Danemark.

La dernière crise financière majeure de 2008 à impacté fortement l’économie réelle, affaiblissant un temps les entreprises et les états. Des pays comme l’Argentine ou la Grèce ne s’en sont toujours pas relevé.

Alors que l’épée de Damoclès pèse plus que jamais, qu’aucune transition économique ni logique d’ailleurs n’est amorcée, quelques citoyens de part le monde se sont inquiétés de trouver des solutions…

Françoise Lenoble co-fondatrice de l’Abeille

C’est à partir de 2010 avec l’Abeille à Villeneuve sur Lot que sont reparues les premières monnaies locales complémentaires de France. Reparues car la Lignère en Berry circulait après la crise de 1929 et plusieurs autres monnaies en Europe ont également existé, parallèlement aux devises officielles tout au long du XXème.

Aujourd’hui, avec l’apparition des Crypto-monnaies, les monnaies citoyennes sont plus que jamais porteuses d’une éthique dans l’économie. Que ce soit avec des coupons papiers (le terme de billet est réservé aux émetteurs nationaux) ou des moyens de paiement électroniques, elles se veulent au service de l’homme, de l’économie réelle et donc non spéculative, tout en s’évertuant à relocaliser les échanges, réduisant par là même l’impact environnemental de la production.

Également outil pédagogique, les Monnaies Locales Complémentaires sont avant tout un moyen de tisser du lien entre les acteurs économiques, les associations, les citoyens acteurs de leur consommation et les collectivités. La monnaie circule, décider ensemble du sens qu’elle prend est l’ambition de ces mouvements citoyens.

Sources :

https://steemit.com/money/@grandphilippe/breve-histoire-de-la-monnaie

http://www.sacra-moneta.com/Nom-des-monnaies-medievales-royales-et-feodales/Bezant-Besan-Besant.html

Annuaire du Galais édition 2017