Nous étions une vingtaine ce soir-là à La Fourmilière à Ploërmel, plus ou moins épuisés mais heureux de prendre ce moment ensemble et accompagnés par une bonne soupe !
Pour nous donner de l’énergie, nous avons commencé par nous redire deux bonnes nouvelles – l’une du jour-même, l’autre datant d’il y a quelques semaines : le Conseil d’État a cassé sur le fonds la dissolution des Soulèvements de la terre intentée par le ministère de l’Intérieur, et la justice a repoussé la destruction de l’ancien bâtiment de la CAF à Ploërmel, suite à nos mobilisations citoyennes.
L’échange animé par François Fagnot et Jean-Christophe Sarrot a permis d’évoquer différents facteurs qui nous pèsent dans nos engagements militants et associatifs sur le Pays de Ploërmel : le manque de victoires significatives, le manque de relèves (qui prendra le relais de nos engagements ?), le manque d’implication des élus, l’omniprésence de discours politiques et médiatiques dominants qui déconstruisent les solidarités au profit de l’individualisme et du néolibéralisme, le manque de soutiens aux engagements (chacun doit se débrouiller pour payer ses déplacements, faire garder ses enfants quand il y a des réunions/mobilisations le soir ou le week-end), le coût des déplacements dans des zones rurales comme la nôtre…
Nous avons aussi échangé sur les remèdes possibles : mieux se répartir les tâches en fonction de ses disponibilités et compétences, mettre plus de joie, de légèreté, de convivialité, de musique, etc. dans nos rencontres militantes, accepter ses limites personnelles ou familiales et en tenir compte dans nos engagements, mieux mettre en oeuvre la démocratie dans nos associations, avoir des réunions et des temps collectifs animés de manière plus vivante et qui fassent une place à chacun (mettre autant d’énergie dans la préparation du comment que du quoi de nos rencontres), ne pas placer trop haut la barre de nos exigences et de nos ambitions, écrire et faire connaître nos petites victoires, faire parfois des rencontres/actions conjointes entre nos associations…
Les trois propositions d’action qui ont recueilli le plus de suffrages sont :
- mieux se former à des méthodes de gouvernance partagée et d’animation de réunions (se donner un cadre, des règles d’écoute, de circulation de la parole et de prise de décision, se former à la communication non violente, faire tourner les responsabilités…),
- rire ensemble dans nos réunions,
- se faire les journalistes de nos victoires (repérer, célébrer et communiquer sur nos moments joyeux, nos victoires, ce qui va bien…)
Comme décision concrète, nous souhaitons organiser début 2024 une formation à l’animation vivante et démocratique de réunions et temps de travail collectifs.
Nous avons aussi mentionné plusieurs publications sur le thème de l’épuisement militant : “Souffrance en milieu engagé”, de Pascale-Dominique Russo, “Te plains pas, c’est pas l’usine”, de Lily Zalzett et Stella Fihn, “C’est pour la bonne cause”, de Simon Cottin-Marx, “Les métamorphoses du monde associatif”, de Matthieu Hély.
Deux derniers liens pour celles et ceux qui ne sont pas complètement épuisés par la lecture de cet article :