Justine est paysanne boulangère. Elle fait pousser du blé et fabrique du pain. Derrière chacun de ses pains, il y a de nombreuses étapes qui conduisent du grain au produit fini. Dans chacun de ses pains, elle met son savoir faire, son lien avec la terre, son respect de la personne qui va manger le pain et aussi toutes les émotions qui font la vie.
Être paysanne boulangère c’est aussi un engagement pour être autonome de la semence au pain et s’inscrire dans un territoire, un terroir et ses habitants.
Le lien avec le galais est évident et Justine a immédiatement accepté de devenir une professionnelle adhérente du réseau en plus d’être utilisatrice du galais à titre personnel.
Sa principale appréhension était de savoir que faire des galais qu’elle ne pourrait pas dépenser… Elle a été immédiatement rassurée de savoir que chaque galais est échangeable en euros sur simple demande !
Le problème de Justine est qu’elle a peu de possibilités pour payer ses dépenses professionnelles en galais : de par son modèle de la semence au pain elle a peu de fournisseurs et ils ne sont pas tous locaux (même si elle œuvre au maximum en ce sens). L’essentiel de ses paiements concerne le secteur administratif et tant que les institutions publiques (Trésor public, MSA, …) n’acceptent pas les galais, il ne sera pas possible à Justine de “faire un tour complet” avec ses galais.
Être paysanne boulangère, c’est aussi s’inscrire dans un territoire
Aujourd’hui, parmi les clients de Justine, ils sont peu nombreux ceux qui achètent leur pain en galais. Justine le regrette et reconnaît qu’elle ne pense pas forcément à leur en parler spontanément. Par contre, elle répond toujours aux questions sur le galais et encourage les personnes qui lui en parlent à sauter le pas.
Après un temps de réflexion, elle se dit qu’elle aimerait bien que l’association l’aide à promouvoir le galais, mais sans qu’elle ait à ajouter une nouvelle tâche à ses activités déjà nombreuses et diversifiées. Peut-être par une campagne ponctuelle qui conduise ses clients à lui en parler. Voilà en tout cas une piste de travail pour l’association. D’autant plus que ses clients, professionnels et particuliers, consommateurs et distributeurs, partagent dans l’ensemble ses convictions sur les liens à créer sur le territoire et devraient donc être séduits par le galais.
Pour Justine, adhérer au galais est une démarche militante qui repose sur le postulat que le consommateur a le pouvoir. C’est pour cela que c’est compliqué pour certains agriculteurs, contraints dans des modes de production intégrés, de s’engager dans des démarches de type monnaie locale, ça oblige à remettre en question les discours majoritaires et à repenser son activité professionnelle et même sa vie toute entière. Le changement demande du temps et chacun avance à son rythme.
Justine ne voit pas ce qui pourrait la faire renoncer à la monnaie locale et elle affirme son soutien au modèle de société porté par le galais. Elle ne vit pas du tout cette monnaie “supplémentaire” comme une contrainte.
Texte et photo Marie-Hélène Collias
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