Pourquoi, au niveau local, on est bien placé pour faire bouger les choses

En matière d’environnement, on constate que des initiatives prises à l’échelon local produisent de plus grandes avancées que les décisions prises au niveau national, voire international. Voici quelques exemples qui méritent réflexion.

Source : article “Pourquoi la décentralisation est bonne pour l’environnement” publié le 29/04/2015 par Nicolas Braemer sur www.lettreducadre.fr/11348/pourquoi-la-decentralisation-est-bonne-pour-lenvironnement

Salt Lake City, une ville conservatrice dans un état comme l’Utah, ce qui ne veut pas rien dire, décide de lutter contre le coût invraisemblable de l’aide aux personnes sans domicile : 40 000 $ par personne aidée et par an. Elle a racheté des maisons quasi abandonnées, les a rénovées et y a relogé les SDF, avec un suivi social. Résultat, une dépense passée à moins de 8 000 $ et une ville qui ne compte désormais presque plus de SDF.

San Francisco est en passe de devenir la « ville zéro déchet » qu’elle ambitionne d’être. Au prix d’un travail acharné auprès des producteurs de déchets, entreprises comme particuliers, et d’un mariage subtil de la contrainte et de l’incitation.

Plus près de chez nous, Lyon et Paris, avec les Vélov’ et Vélib’, sont à l’origine d’une vraie révolution sur la place du vélo en ville. De nombreuses villes en France et dans le monde (dont Londres et New York) leur ont, depuis, emboîté le pas.

La Guadeloupe vise l’autonomie énergétique grâce à la géothermie.

De nombreuses communes ou collectivités ont réussi, bien avant l’obligation légale, à se passer des pesticides pour l’entretien de leurs espaces verts.
En matière d’environnement et de développement durable, l’échelon local porte une dynamique vertueuse.Qu’ont en commun tous ces exemples ? Qu’en matière d’environnement et de développement durable, l’échelon local porte une dynamique vertueuse de décision politique et de mise en synergie des initiatives locales. Et que cette dynamique-là permet, certes à une petite échelle (quoique, quand on cite San Francisco, Londres, Paris ou New York, on parle de millions d’habitants) d’avancer durablement et certainement dans la protection de l’environnement.

Pendant ce temps, les État, eux, n’arrivent ni à faire évoluer réellement les choses lors des multiples conférences internationales sur le climat, ni à imposer en interne les décisions drastiques qui seraient à la hauteur de la situation (notre récente loi de transition énergétique en est un aveu aussi flagrant que désolant de faiblesse).

Les État, eux, n’arrivent pas à faire évoluer réellement les choses lors des multiples conférences internationales sur le climat.Alors oui, le miracle viendra peut-être de l’échelon local ! Bien sûr, ce dernier est encore et aussi coupable de toutes les dérives. En France, il a ainsi laissé bétonner le littoral, avancer presque sans contrainte l’étalement urbain, livré la ville aux voitures et sa périphérie aux grandes enseignes… De ce point de vue-là, la force de la loi et du contrôle est encore indispensable. Mais il a aussi été capable du meilleur, comme le montrent les exemples avec lesquels j’ai commencé cet édito.

Les élus locaux, quand ils s’appuient sur le tissu économique et citoyen local, peuvent faire avancer les choses, changer la face de la ville et des territoires, contribuer à modifier profondément les pratiques les plus polluantes, et surtout prendre des initiatives plus intelligentes que ne le peuvent bien des États. Mieux, ils peuvent s’inspirer les uns les autres.

Nicolas Braemer

Rédacteur en chef, la Lettre du Cadre Territorial