Alain, consomm’acteur : « On ne parle pas assez du Galais à nos commerçants ! »

Bonjour Alain. Comment utilises-tu le Galais pour ta consommation ?

C’est devenu une habitude de dépenser mes Galais chaque vendredi au marché de Ploërmel. Cela fait quelques années que je dépense environ 25 Galais à chaque marché, auprès de trois ou quatre commerçants qui les acceptent avec plaisir. C’est aussi devenu une habitude pour eux, passées les deux ou trois premières fois. Je prends la précaution de faire l’appoint en centimes d’euros, pour éviter qu’ils me rendent des euros ou des centimes sur des Galais(1).

Parles-tu du Galais à certains commerçants qui ne l’utilisent pas ?

J’en ai parlé récemment à mon fromager. Il m’a répondu « C’est trop compliqué. » Je le connais bien, mais je n’ai pas réussi à le convaincre. En réalité, utiliser le Galais n’est pas compliqué pour un commerçant, mais c’est l’image que certains ont. Ils pensent souvent que cela nécessite une double comptabilité et ils se trompent. Un autre commerçant qui utilise le Galais serait certainement mieux placé que moi pour convaincre mon fromager.

Quels sont tes critères d’achat ?

Mon premier critère, c’est la qualité des produits. Mon second critère, c’est le fait que le commerçant accepte ou pas la monnaie locale. Certains ont des produits de grande qualité, mais où je ne vais pas car ils n’acceptent pas le Galais(2). Je sais bien, aussi, que nos commerçants et producteurs sont très occupés et qu’ils travaillent beaucoup. Mais cela n’empêche pas certains d’utiliser le Galais. Donc je continue d’en parler régulièrement aux uns et aux autres, même si je sais que certains ne vont pas y adhérer facilement. On ne parle pas assez du Galais à nos commerçants.

Que réponds-tu à celles et ceux qui disent « Je produis ou je dépense déjà en local, pourquoi utiliser en plus le Galais ? » ?

Je réponds qu’une monnaie locale, ce n’est pas que le rapport au local et le soutien aux producteurs locaux. C’est aussi une manière d’interroger un système économique et financier qui a des impacts négatifs sur notre quotidien. Si l’on veut interroger ce système, utiliser une monnaie locale est une bonne façon de le faire, car c’est autant d’argent qui n’alimente pas la spéculation financière et c’est un puissant outil d’éducation populaire entre tous.

Propos recueillis par Jean-Christophe

Notes :
(1) : La loi interdit de rendre des euros ou centimes d’euros sur un paiement en monnaie locale (mais elle autorise le rendu en monnaie locale, à un.e adhérent.e de la monnaie locale, sur un paiement en monnaie locale ou même en euros).
(2) : « 66 % des utilisateurs de monnaie locale disent aller prioritairement chez des professionnels du réseau et 19 % déclarent fréquenter de nouveaux professionnels grâce à la monnaie locale » (page 31 du rapport du Mouvement Sol sur l’utilité sociale des monnaies locales citoyennes).

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